Déculturation de l’Oumma

بسم الله الرحمن الرحيم

Le colonialisme a placé sa personnalité comme unique base dont découle notre culture. Il a réussi à imposer sa civilisation, ses concepts, ses spécificités, son histoire et son environnement comme sources fondamentales qui alimentent nos pensées, et il ne s’est pas arrêté là. Il nous a également induit en erreur concernant sa personnalité ainsi que les réalités qui en découlent. Il a déformé l’image colonialiste en lui donnant une apparence de modèle idéal à suivre et dont on ne peut se passer.

De plus, il s’est ingéré dans les détails des programmes (éducatifs) afin de prévenir qu’un élément quelconque ne s’écarte de cette voie générale. Nous sommes donc instruits par une culture erronée, qui nous apprend comment pensent les autres, et qui produit en nous une incapacité naturelle à apprendre comment penser par nous-même. Notre pensée n’est en effet pas reliée à notre environnement, à notre personnalisé, notre histoire, ni même issue de notre idéologie.

Par conséquent, nous sommes devenus étrangers de notre communauté, non conscients de notre environnement et de ses besoins. Et c’est ainsi que nos sentiments se sont détachés de nos pensées et sont devenus, naturellement, détachés de la Oumma, de ses sentiments et perceptions.

Il devient nécessairement impossible de comprendre, de façon juste, les problématiques du monde qui nous entoure, ni les besoins de la Oumma, ni de prendre conscience de la bonne méthode permettant la d’accéder à la renaissance.

C’est ainsi que les « hommes cultivés » se dévouent pour la pensée étrangère. Ce dévouement les a amenés d’une part à l’aliénation, au mépris, à l’éloignement et à l’abandon de leur communauté. D’autre part, ils ont manifesté pour l’étranger de la sympathie, du respect, un rapprochement, et de l’attention, même si cet étranger est au fond un colonialiste.

C’est pourquoi, il n’est pas possible pour cet « homme cultivé » de proposer des solutions aux problématiques ambiants qu’en imitant l’étranger dans son analyse des problèmes et copiant ses « solutions », sans même comprendre la réalité de la situation. C’est pour cela qu’on ne sait plus décrire la renaissance de la Oumma autrement qu’en imitant l’étranger quand il parle de renaissances. Et c’est ainsi que cet ‘homme cultivé » ne se mobilisera pas pour son idéologie, mais plutôt pour la patrie, la nation, la démocratie, et autres activités dans l’erreur.

Il ne se révolte donc pas de la façon correcte pour sa communauté, car les sentiments qu’il éprouve pour son environnement et sa perception des besoins de la Oumma ne sont pas basés sur une analyse juste. Lorsqu’il initie une révolte, cette dernière se dissipe bien vite, lorsque ses intérêts sont garantis, son ego est satisfait, ou si cette révolte risque de lui causer du tort sur le plan mondain.

Une réelle structuration ne peut donc pas être construite en reposant sur une telle personne, sans établir au préalable l’harmonie entre ses pensées et ses sentiments, en prenant sa culture dès les bases, et en lui en apportant une idéologiquement juste, à savoir la culture islamique.

Si la culture étrangère n’était pas si diffusée, la renaissance (islamique) serait beaucoup plus facile qu’elle ne l’est aujourd’hui. En effet, le colonialisme ne s’est pas contenté d’implémenter sa culture, il a également empoisonné l’atmosphère islamique avec des idées et opinions politiques et philosophiques, qui ont altéré le point de vue correct chez les musulmans.

Ainsi, une confusion des idées chez les musulmans dans les différents domaines de la vie se manifeste clairement. La concentration naturelle des musulmans autour de leur idéologie s’est dissipée. Le colonialisme a redirigé chaque éveil des musulmans vers des actions perturbées et contradictoire, qui ressemblent à l’agitation d’un animal à l’agonie. Ces actions finissent par s’arrêter, puis le fatalisme et le désespoir l’emporte.

En outre, le colonialisme a empoisonné les « sociétés musulmanes » avec le patriotisme, le nationalisme sectaire, ainsi que le régionalisme qui est devenu le pivot de l’action à court terme. Il a semé également le désespoir au sein de la communauté quant à l’instauration de l’Etat islamique et l’unification des territoires islamiques par la mise en avant des différences civiques, ethniques et linguistiques ; alors que le monde islamique représente une seule Oumma dont le ciment est le crédo islamique duquel découle un système.

Extrait traduit de « La structuration d’un parti » (At-takattul Al-hizbi) de Sheikh Taqy ad-Dîn an-Nabahâny, paru en 1953.