Erdogan, les faits loin des fantasmes

بسم الله الرحمن الرحيم

Il s’agit là d’un article s’inscrivant dans le cadre de la prescription du bien et la proscription du mal, obligation juridique explicitée dans le Coran. Dénoncer et mettre en lumière les méfaits des politiques, ouvrant ainsi les yeux de notre communauté sur ceux qui les gouvernent, est obligatoire. La critique envers les dirigeants est en effet un devoir légal ainsi qu’un droit politique pour les musulmans en tant qu’individus et en tant que groupes.

Ainsi, bien que cet article se veuille succinct, car il y aurait tant de choses encore à dire, il vise à apporter certains éléments tangibles permettant de lever tout doute et de se rendre à l’évidence quant à la politique abjecte du président de la République laïque de Turquie, Erdogan. L’objectif étant par la même occasion d’apporter un certain nombre d’éléments permettant d’avoir une vision éclairée de notre réalité, des problèmes de notre société et des réelles solutions à apporter.

« Que soit issue de vous une communauté qui appelle au bien, ordonne le convenable, et interdit le blâmable. Car ce seront eux qui réussiront. » 

(Sourate 3, verset 104).

Qui est Racep Tayyip Erdogan ?

Recep Tayyip Erdogan est né le 26 février 1954 dans le quartier Kasımpaşa d’Istanbul, dans une famille originaire de la province septentrionale de Risa.

Il a eu de nombreux postes avant de devenir maire d’Istanbul en l’an 1994 EC. Il fut emprisonné pendant quatre mois et interdit d’exercer toute activité politique après avoir récité les vers du poète turc Ziya Gökalp, dans lesquels se trouvent les mots suivants : « Les mosquées sont nos casernes, les dômes nos casques, les minarets nos lances et les croyants nos soldats. » ; quelque temps après il fut complètement gracié.

Après avoir quitté le Parti de la vertu, Erdogan a fondé le Parti de la justice et du développement avec son ami Abdullah Gül. À la suite de quoi il accéda au poste de Premier ministre, succédant ainsi à Erbakan.

En 1994 EC, Erdogan déclarait que la croyance laïque sur laquelle repose le régime turc doit être abolie car l’islam et la laïcité ne peuvent coexister, et semblait considérer que si la Turquie avait adopté un système islamique qui estimait tous ses citoyens indépendamment de leurs origines, le pays n’aurait pas été confronté au problème kurde dans le sud-est ; sans oublier les critiques virulentes émises à l’encontre de la constitution.

Ses positions prirent néanmoins par la suite une direction totalement opposée. Il affirma en effet que la laïcité était primordiale pour la démocratie en insistant sur le fait qu’elle ne contredisait pas l’islam. Erdogan a également nié l’aspect islamique de son parti en déclarant explicitement que celui-ci était non religieux mais démocrate et conservateur. Il le réaffirmera d’ailleurs au journal libanais As-Safir le 12/12/2009 EC en déclarant que « le Parti de la justice n’est pas un parti islamique ».

En lisant l’introduction au programme politique de son parti, la réalité de celui-ci nous apparaît clairement : « notre parti forme la base de l’unité et de l’intégration de la République turque ; où la laïcité, la démocratie, l’État de droit, les processus de civilisation, la démocratisation, la liberté de croyance et l’égalité des chances sont considérés comme essentiels ».

Malgré la clarté des propos de cet individu, nous trouvons toujours quelques irréductibles qui tenteront de faire croire que son parti est islamique et son gouvernement un modèle à suivre. Erdogan leur répond lui-même à travers bon nombre de ses discours. Il affirmait par exemple à travers l’un d’entre eux « la civilisation des musulmans ne peut pas rivaliser avec la civilisation de l’Occident. ». En outre, lorsqu’Erbakan fut interrogé par le journal As-sharq Al-Awsat avant sa mort, sur les motifs qui ont poussé Erdogan à quitter le Parti de la vertu, il déclara : « Erdogan n’a pas créé de parti de sa propre initiative, mais on lui a plutôt donné l’ordre d’en créer un. […] »

Le conseiller en chef d’Abdullah Gül avait de plus lui-même nié la possibilité que la Turquie se transforme en un État islamique en déclarant : « La Turquie est basée sur des fondements qui ne peuvent changer ou être modifiés, dont le premier est la laïcité et le second la démocratie ».

Les défenseurs d’Erdogan veulent forcer son « islamité », alors qu’il est en parfaite harmonie avec ses idées, mène une approche laïque claire, séparant complètement la religion et l’État, et, aucune preuve ni aucun fait ne prouvent une supposée envie d’appliquer les lois islamiques sur le plan politique, économique ou sociale. Il a déclaré à plusieurs occasions qu’il est un homme musulman, à la tête d’un État laïc. Lorsqu’il s’est rendu en Égypte après la révolution du 25 janvier, il a même conseillé explicitement aux égyptiens d’adopter l’État laïc.

Il ne fait aucun doute que les positions (prétendument héroïques) d’Erdogan à Davos et sur le flottille de la liberté pour Gaza (Freedom Ship), le retrait de son ambassadeur auprès de l’État juif après l’affront qu’il a subit, et sa prétention à se tenir aux côtés du peuple syrien contre le régime tyrannique de Bachar, lui ont forgé une grande popularité dans le monde islamique, dont il a pu grandement profiter.

Cependant, au milieu de ces prises de paroles (prétendument héroïques), il ne faut pas oublier que la Turquie est un acteur majeur du processus de normalisation avec Israël, dans lequel tous les pays de la région ont été impliqués, sans exception. Il ne fait donc aucun doute que l’affirmation selon laquelle la Turquie soutiendrait la résistance palestinienne est un mensonge. En effet, normalisation des relations avec Israël et soutien de la résistance palestinienne sont deux contraires qui ne peuvent s’associer. Aussi, rappelons que ses fameuses « lignes rouges » franchies en Syrie n’ont eu aucun effet pour le peuple syrien. Au contraire, la révolution syrienne a été étouffée et les zones qui étaient sous le contrôle des révolutionnaires livrées à l’ennemi !

Les relations étroites avec les États-Unis, le fait que la Turquie soit membre actif de l’OTAN (seconde armée de cette organisation terroriste), et la normalisation des relations économiques, politiques et militaires avec l’Etat juif, devraient largement suffire à condamner le gouvernement d’Erdogan.

La position d’Erdogan sur la question de la Palestine et les relations avec l’entité juive

Après des années de « tension » et d’éloignement à la suite des commandos « israéliens » tuant en 2010 EC dix militants turcs qui se trouvaient à bord du navire « Mavi Marmara » qui cherchait à atteindre la bande de Gaza assiégée, Erdogan tourna finalement le dos aux gazaouites en concluant, à la suite de plusieurs cycles de négociations, un accord de normalisation de ses relations avec l’entité juive en 2016 EC. Cet accord comprenait le retour des ambassadeurs ainsi que la reprise des visites diplomatiques, un engagement à ne pas œuvrer les uns contre les intérêts des autres au sein d’organisations internationales, et le rétablissement de la coopération en matière de sécurité et de renseignement entre les deux parties. D’autre part, la Turquie a renoncé à la condition de lever le siège de Gaza en échange de l’autorisation de construire un hôpital, une usine de dessalement d’eau de mer et une centrale électrique dans la bande (les palestiniens peuvent finalement rester emprisonnés et subir les exactions de l’entité juive, mais dans son « immense bonté » elle accepte qu’on puisse leur apporter un peu de confort dans leur prison…).

Le 26 juin 2016 EC, le chef du Mossad, Yossi Cohen, s’est rendu à Ankara et a rencontré son homologue turc, Hakan Fidan, et ont convenu que « la Turquie ne permettra pas au Hamas de mener des activités militaires contre Israël à partir du territoire turc, que ce soit en termes de planification, de direction ou de mise en œuvre ».

En novembre 2016 EC, lorsque l’entité juive fut exposée à une vague d’incendies, en particulier dans les colonies de Cisjordanie occupée, le gouvernement turc a été le premier à fournir une aide afin de les éteindre en envoyant trois avions spécialisés. Netanyahu avait d’ailleurs salué l’aide apportée par le gouvernement turc.

Le fait est qu’Erdogan ne voit aucun problème dans l’occupation d’environ 80% de la Palestine. Au contraire, il reconnaît Israël comme étant un État légitime, admet son droit d’exister sur les terres saintes, appelle à la solution américaine des deux États, et incite même le Hamas à accepter publiquement l’existence d’Israël !

Transfert de l’ambassade américaine à Jérusalem

En décembre 2017, Erdogan a menacé de rompre ses relations avec Israël si les États-Unis reconnaissaient Jérusalem comme capitale de l’entité juive.

Mais cela ne s’est jamais produit, Il n’a ni rompu ses relations avec l’entité juive, ni pris une position ferme vis-à-vis de ses alliés américains. Erdogan déclarait à l’époque qu’une telle mesure franchissait une «ligne rouge» pour les musulmans et a répété les mêmes termes après que l’Amérique ait concrètement mis en œuvre son plan visant à déplacer son ambassade et à reconnaître officiellement Jérusalem comme capitale d’Israël. Le 8 mai 2018, dans une interview télévisée avec CNN, il déclara : « La décision des États-Unis de déplacer leur ambassade dans la ville de Jérusalem est une grande erreur. » ; puis le 14 mai, lors de sa visite à Londres : « Les États-Unis, avec leurs dernières actions, ont choisi de faire partie du problème, non de la solution. ».

Ce n’étaient là que des déclarations vides de sens et sans effet sur le terrain. Lors du sommet de l’Organisation islamique à Istanbul, Erdogan a une fois de plus dénoncé les violations israéliennes contre le peuple palestinien après que plus de soixante d’entre eux eurent été tués et plus de deux milles blessés par les balles de l’armée israélienne à la frontière de la bande de Gaza, lors d’événements qui coïncidèrent avec l’inauguration de la nouvelle ambassade américaine à Jérusalem-Est.

Ce sommet n’était que figuration et poudre aux yeux, des discours grandiloquents attisant la sympathie des musulmans mais finalement rien que des mots (sans actes).

L’accord du siècle et la position turque à son sujet

Mardi 28/01/2020 EC, le président américain Trump a évoqué lors d’une conférence de presse à Washington en présence du Premier ministre de l’entité juive, Benjamin Netanyahu, un prétendu « accord du siècle ». Cet accord prévoyait la création d’un État palestinien sous forme d’un archipel relié par des ponts et des tunnels, et faisant de Jérusalem la capitale de l’entité juive.

Le jeudi 30/01/2020 EC, lors de la cérémonie des Anatolian Media Awards, Erdogan déclarait au sujet de cet accord : « Jérusalem n’est pas à vendre. » Il a également dit : « Il s’agit d’un projet d’occupation », et a ajouté : « En tant que nation turque, notre vision de la Palestine est aujourd’hui la même que celle du sultan Abdul Hamid II ».

En 1896 EC, le sultan Abdul Hamid II, que Dieu lui fasse miséricorde, refusa de vendre la Palestine au juif Théodore Herzl, pour établir un État sioniste. Ce jour-là, le sultan Abdul Hamid a répondu à Herzl en ces termes : « Je ne peux vendre ne serait-ce qu’une parcelle de cette terre (Palestine), car elle ne m’appartient pas, mais elle appartient plutôt à l’État ottoman, et par Allah, sauf si vous me découpez morceau par morceau, je n’abandonnerai jamais la Palestine ». En effet, le sultan Abdul Hamid a su protéger la Palestine, Jérusalem ainsi que la mosquée Al-Aqsa, et a piétiné « l’accord du siècle » présenté par Herzl, avec au passage le rêve des sionistes qui n’a pu se réaliser qu’après la chute du Califat ottoman.

Quant à Erdogan, qu’a-t-il concrètement fait en réponse à cet accord, en dehors de vociférer en parlant de ses « lignes rouges » pour impressionner son audimat ?

La position d’Erdogan sur la question syrienne

Erdogan a contribué à la mise en œuvre du plan américain en Syrie, qui se résumait à empêcher la chute du régime. En 2016 EC, il abandonna complètement Alep en retirant ses hommes et en focalisant son attention sur les combats contre l’organisation « ISIS » à Al-Bab, laissant ainsi la ville et ses habitants sans aucun soutien alors que c’était le moment où ils en avaient le plus besoin. Alep tomba entre les mains du régime en décembre 2016 EC.

Erdogan a livré la ville d’Alep sur un plateau au régime de Bachar après que celle-ci ait traversé des années de luttes sanglantes et épuisantes. Erdogan a lancé l’opération Bouclier de l’Euphrate simultanément avec l’attaque du régime et de ses alliés contre Alep, c’est-à-dire au moment où ses habitants avaient plus que jamais besoin d’un soutien.

Quant à la bataille d’al-Bab, elle a duré près de trois mois. Les forces du Bouclier de l’Euphrate soutenues par la Turquie sont entrées dans la ville le 23/02/2017 EC, puis la présence turque s’est étendue sur d’autres territoires, entre lutte contre l’organisation « ISIS » et combats contre les Kurdes, sans jamais porter atteinte au régime, qui quant à lui prenait l’ascendant sur d’autres régions.

Le régime a pris le contrôle de la Ghouta orientale fin mars 2018, peu après que les forces affiliées à l’opération militaire turque appelée Olive Branch aient pris le contrôle de la ville d’Afrine à la mi-mars 2018.

Le scénario s’est répété une fois de plus lors de la bataille menée par la Turquie et ses alliés contre les Kurdes à Ras al-Ain et Tal Abyad sous le nom de « Source de la paix ». Ceci a permis à la Turquie de contrôler pleinement les frontières et transférer de nombreuses zones sous contrôle kurde au régime sans affrontement.

Ainsi, tous les mouvements de la Turquie se sont accompagnés de l’extension des zones dominées par le régime d’une part, et d’un contrôle plus accru des différentes factions impliquées dans la révolution syrienne, dont l’une des plus populaires était Hay’at Tahrir al-Sham suite aux événements d’Idlib, ce qui a permis de mettre en œuvre les accords de Sotchi et supprimer toute opposition.

La Turquie a établi 12 points d’observation à l’intérieur des gouvernorats d’Idlib, de Hamas et d’Alep, avec le soutien des russes et des iraniens, dans le but de mettre en œuvre ce que l’on appelle l’accord de désescalade dans les zones qui opposaient les forces du régime syrien et l’opposition.

Mais cette désescalade était unilatérale puisque le régime et son allié russe ont augmenté les massacres sous les yeux du garant turc, ce qui a permis au régime de mettre la main sur les zones restantes.

Les régions sous contrôle de l’opposition ont commencé à tomber successivement les unes après les autres, ce qui s’est accentué avec l’accord russo-turc qui comprenait la mobilisation de patrouilles militaires afin de « lutter contre le terrorisme » mais qui s’inscrivait en réalité dans l’effort de Moscou visant à contrôler pleinement les territoires sous le contrôle des factions révolutionnaires, dont la ville de Saraqib dans le gouvernorat d’Idlib, dernier bastion de la révolution syrienne.

On sait que la lutte contre le terrorisme n’est qu’un prétexte permettant de justifier les manœuvres militaires de certains, comme celle effectuée dans la ville syrienne d’Al-Bab. Les pays du monde entier ont mis en avant la lutte contre l’organisation « ISIS » après lui avoir donné le feu vert au début de la révolution pour infiltrer les villes syriennes et permettre à Bachar al-Assad et ses alliés de continuer leurs exactions en prétextant la lutte contre le terrorisme.

Ce que le criminel Erdogan a commis en Syrie est une traîtrise envers l’islam et les musulmans. Il a été le premier à contribuer à la défaite de la révolution, en se tenant aux côtés de la Russie et en coordonnant tous ses faits et gestes avec elle.

Ce n’est un secret pour personne que l’Amérique, avec le soutien de la Russie, ne cherchait pas à renverser son agent et tyran du Levant, Bachar Al Assad. Au contraire, les Etats-Unis cherchaient à étouffer la révolution et à rétablir la situation telle qu’elle était à ses débuts avant 2011 EC.

Les accords entre Poutine et Erdogan visaient à ce que ce dernier tienne en laisse les factions qui lui sont fidèles afin de permettre à la Russie et au régime de prendre le contrôle des régions aux mains des révolutionnaires les unes après les autres. En outre, pour bien établir l’autorité des injustes, une stratégie de bombardements aériens violents et intenses a été menée à l’encontre des populations, des écoles, des marchés et des hôpitaux, créant ainsi le désespoir et un chaos tel qu’il était impossible de contrôler quoi que ce soit pour l’opposition. Tout cela pour appeler par la suite à la reddition afin de cesser les effusions de sang, préserver ce qu’il reste, et faire des accords de Genève, Astana ainsi que Sotchi le plus haut degré d’espérance du peuple.

Le rôle de la Turquie dans l’OTAN

En 1952 EC, la Turquie a rejoint l’Organisation du Traité de l’Atlantique Nord (OTAN), qui a été signé le 4 avril 1949 EC à Washington. Il s’agit d’une alliance qui renforce l’hégémonie occidentale dans le monde.

En juin 2005 EC, la Turquie a créé le Centre de défense contre le terrorisme dans le cadre de décisions prises au sommet de l’OTAN tenu à Prague en septembre 2002 EC afin de combattre les potentiels menaces. Il s’agit d’une organisation militaire internationale qui emploie des officiers de sept pays membres de l’OTAN en plus de la Turquie, et fournit des services aux fonctionnaires ainsi qu’aux officiers des États membres de l’OTAN ou partenaires.

Ce centre organise des séminaires, des ateliers et d’autres événements portant sur divers sujets, tels que le drainage des ressources financières des terroristes, la lutte contre les kamikazes, la relation entre le terrorisme et les médias, l’étude des fondements idéologiques du terrorisme, etc. Il participe également aux différents travaux menés au siège de l’OTAN au sujet de la lutte contre le terrorisme.

Le 19/03/2003 EC, le Parlement turc a voté l’autorisation pour les forces américaines d’utiliser les bases turques pour envahir l’Irak avec 322 voix pour, 202 voix contre, et une abstention. La Turquie a également autorisé les États-Unis à utiliser la base d’Incirlik dans le sud du pays pour transférer les moudjahidines à Guantanamo Bay.

Ce n’était pas le seul usage de ces bases puisqu’elles permettaient également à l’Amérique de pouvoir s’approvisionner (en nourriture, eau, carburant et médicaments). La Turquie a été utilisée comme base logistique des forces américaines stationnées en Irak et a également facilité le retrait d’Irak des forces américaines par le territoire turc.

La Turquie a aussi autorisé les États-Unis à utiliser ses bases dans la guerre contre l’Afghanistan. En effet, il a fallu moins de 24 heures pour que la Turquie octroie l’utilisation de son territoire et de son espace aérien aux forces américaines qui lancèrent l’offensive contre l’Afghanistan en octobre 2001 EC. De plus, la Turquie mit également à disposition 1200 soldats afin de fournir une assistance aux forces armées de l’OTAN. La Turquie d’Erdogan a également soutenu l’intervention militaire internationale dans le nord du Mali.

L’Amérique et les pays occidentaux profitent de la puissance de la Turquie et de son territoire, dont l’emplacement est extrêmement stratégique, pour assouvir les intérêts d’une alliance anti-islamique. C’est en effet depuis leurs bases positionnées en territoire turc que les avions américains lancent leurs innombrables raids contre les enfants des musulmans…

Si Erdogan était à la hauteur de ce que certains s’imaginent, cela ferait bien longtemps qu’il se serait retiré de cette alliance diabolique dont l’une des activités principale consiste à combattre l’islam et les musulmans.

Relation entre la Turquie et la Russie

Une grande partie de l’expansion impériale russe, à commencer par l’annexion de la Crimée en 1783 EC, le long de la côte nord de la mer Noire, des Balkans et du Caucase, s’est faite aux dépens de l’Etat ottoman. La guerre de Crimée (1853-1856) bouleversa d’ailleurs l’équilibre des forces en Europe. En outre, les ambitions de la Russie de s’emparer du détroit de Turquie et d’achever le démembrement du Califat ottoman est un facteur qui a contribué au déclenchement de la Première Guerre mondiale.

La Turquie a réussi à rester neutre pendant la Seconde Guerre, mais les victoires de l’Union soviétique ont ravivé l’ambition de l’empire russe de contrôler ce détroit. À cette époque, Joseph Staline exigeait le contrôle conjoint soviéto-turc du détroit et l’établissement de bases militaires en Turquie.

Ankara a résisté aux demandes de Staline, ce qui a conduit ce dernier à faire pression en créant une révolution communiste en Turquie. En réponse à cela, le président américain Harry Truman a apporté son aide à Ankara.

En 1952 EC, la Turquie Kémaliste a rejoint l’Organisation (terroriste) du Traité de l’Atlantique Nord (OTAN). C’est ainsi qu’elle est alors devenue un bastion de l’anticommunisme et un pilier principal de l’alliance occidentale.

Mais l’Union soviétique n’a jamais abandonné ses efforts pour affaiblir la Turquie. Parmi les nombreux moyens mis en œuvre, nous pouvons citer le soutien de l’insurrection du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK) contre Ankara dans les années 1980 EC.

Le conflit entre Ankara et Moscou au sujet des pays voisins ne s’est pas arrêté là. Dans les années 1990 EC, la Turquie, avec le soutien de l’Occident, a tenté de profiter des liens historiques et culturels avec certains territoires russes pour se positionner comme cheffe des Républiques islamiques turcophones d’Asie centrale.

Ankara et Moscou ont également soutenu des parties contradictoires dans le conflit entre l’Arménie et l’Azerbaïdjan dans la région du Haut-Karabakh, qui a pris fin après l’accord de cessez-le-feu de 1994 EC.

En vertu de l’accord de janvier 2002 EC entre les deux pays, la Russie a retiré son soutien au PKK tandis que la Turquie a adopté une position plus dure à l’égard de la Tchétchénie et d’autres groupes du Caucase du Nord, malgré les liens et leur proximité avec le peuple turc. Ce qui a permis entre autres aux russes de resserrer leur emprise sur la Tchétchénie et d’éliminer les mouvements des moudjahidines tchétchènes cherchant à se débarrasser de leur influence.

En 2008 EC, la Russie devint le premier partenaire commercial de la Turquie. Le domaine de l’énergie était la composante la plus importante des relations économiques entre les deux pays. La Turquie, qui possède peu d’hydrocarbures, a importé plus de 40 % de son pétrole de Russie en 2009. La Russie fournissait toujours à la Turquie avant la guerre en Ukraine environ 57 % du gaz naturel. Les relations économiques s’étaient également étendues à l’énergie nucléaire, à la construction d’infrastructures, au tourisme et à d’autres secteurs encore.

Après que l’Amérique ait ordonné à la Russie d’intervenir directement en Syrie à la suite de la rencontre entre Obama et Poutine le 29/09/2015 EC, elle a ordonné l’entente entre Erdogan et Poutine au sujet des violations aériennes que l’armée de l’air russe effectuera lors de ses raids vers les territoires de nos frères en Syrie.

Étant donné que la base aérienne à partir de laquelle l’agression russe sera lancée est proche de la Turquie, comme l’avait expliqué un général russe à la télévision « Russia Today », il était inévitable que l’aviation russe pénètre dans l’espace aérien turc lors des décollages ou des atterrissages (en raison de l’étroitesse de l’espace). Par cette permission donnée à la Russie de jouir de l’espace aérien turc pour commettre ses exactions en Syrie, Erdogan est devenu un traitre complice du massacre de plusieurs milliers de musulmans.

Il est néanmoins arrivé qu’un avion russe soit abattu par les turcs après avoir pénétré dans leur espace aérien le 24/11/2015. C’est alors que les relations entre les deux parties se sont légèrement détériorées, Poutine ayant considéré cela comme un « coup de poignard dans le dos ».

Erdogan a ramé par la suite afin de corriger cette erreur jusqu’à présenter officiellement ses excuses à la Russie le 27/06/2016 EC, et une rencontre entre les deux protagonistes fut organisée le 08/09/2016 EC, à Saint-Pétersbourg. Après quoi, l’aviation russe a intensifié ses raids sur les musulmans en Syrie pour en tuer des centaines en quelques jours avec donc l’approbation d’Erdogan, qui dirige un pays dont la population est majoritairement musulmane. Il ne fait aucun doute que ce dernier mentait lorsqu’il parlait de soutien au peuple syrien !

Il est bien connu que la Turquie d’Erdogan a poursuivi et poursuit toujours une politique américaine. En effet, toutes ses actions s’inscrivent dans la préservation des intérêts américains. La manière dont l’Amérique, à travers la Turquie et la Russie, a pu contrôler la situation en Syrie et empêcher le renversement du régime de Bachar al-Assad en évinçant ses concurrents européens de l’équation, n’est plus un secret pour personne.

Le dimanche 01/03/2020 EC, la Turquie a annoncé avoir lancé une opération militaire contre le régime syrien à Idlib, dans le nord-ouest de la Syrie, en réponse aux attaques qui ont causé de lourdes pertes à Ankara. Le ministre turc de la défense, Hulusi Akar, annonçait la poursuite de l’opération « bouclier du printemps » (Spring Shield), lancée après l’attaque d’Idlib le 27 février, et ajoutait qu’Ankara n’avait « ni l’intention ni le désir d’entrer dans une confrontation avec la Russie » qui soutient pour rappel le régime syrien dirigé par Bachar al-Assad.

Il apparaît clairement qu’Erdogan s’efforce à mettre en œuvre les dispositions de Sotchi et d’ouvrir les routes internationales, quel qu’en soit le prix, quitte à ce que toutes les villes et tous les villages situés en périphérie tombent entre les mains du régime d’al-Assad.

Les attaques successives, de plus en plus brutales, sont venues briser les espoirs du peuple en le contraignant à accepter une solution politique conçue de toute pièce par les Etats-Unis. Quant à Erdogan, il se contente d’apaiser la tension par des prises de paroles plus comiques qu’héroïques à travers lesquelles il prétend être en désaccord avec les exactions commises afin d’atténuer sa trahison.

En réalité ces désaccords ne sont que fioritures, la Turquie déclarant sans équivoque ni honte qu’elle fait pression sur la Russie pour qu’elle retourne aux frontières de Sotchi. En parallèle de quoi, des déclarations officielles font état du niveau sans précédent qu’ont atteint les relations et les échanges commerciaux entre la Turquie et la Russie !

Les bombardements turcs contre le régime n’étaient qu’un jeu de dupe visant une fois de plus à attirer les gens dans son filet. Le régime avait d’ailleurs pris toutes les dispositions nécessaires en contrôlant les zones de désescalades et en organisant le déplacement des habitants vers le nord.

La Russie est un État ennemi, elle a perpétré des massacres contre les musulmans en Tchétchénie, en Afghanistan et en Syrie, elle n’a ni missile ni arme n’ayant pas été testés sur des femmes, des personnes âgées ou des enfants. Allah, Gloire à Lui, nous a mis en garde contre le fait de s’allier aux ennemis des musulmans ainsi qu’aux injustes, et a menacé d’un sévère châtiment ceux qui s’y risqueraient.

Quel islam prône Erdogan ?

Dans un discours qu’il a prononcé lors d’une cérémonie tenue à l’occasion de la Journée internationale de la femme le 08/03/2018 EC, Erdogan a déclaré : « l’islam ne peut pas être appliqué selon les règles émises il y a 14 ou 15 siècles, l’application de l’islam varie selon le lieu, le temps et les circonstances, et c’est là que réside la beauté de l’islam. ». Si tel est le point de vue d’Erdogan sur l’islam, qu’il a besoin d’être « modernisé » pour s’adapter à son époque, alors de quelle application de l’islam parlent ses supporters ? Quel État islamique Erdogan pourrait-il bien rétablir un jour ?

Il a au contraire enraciné dans son pays un régime laïc qui n’a aucun attachement à l’Islam et qui prend pour modèles les puissances infidèles capitalistes occidentales. Les turcs musulmans vivent clairement une politique de séparation entre la religion et l’Etat.

Selon la charia d’Erdogan, il semblerait convenable d’avoir en Turquie la présence de tourisme sexuel ou de banques pratiquant l’intérêt usuraire, pour ne citer que ces exemples.

En ce qui concerne le modèle de gouvernance, il est aujourd’hui le même qu’il était autrefois avant l’arrivée au pouvoir d’Erdogan, c’est à dire le modèle établi par Mustafa Kemal. Ce qui diffère, c’est qu’« Ataturk » adoptait une laïcité hostile et méprisante à l’égard de la religion et en particulier de l’islam (interdiction de l’appel à la prière en arabe, fermetures de nombreuses mosquées, interdiction du voile, etc.) ; quant à Erdogan, il a adopté une laïcité à l’américaine. Étant donné que la majorité de la population est musulmane, cette transition fut libératrice pour de nombreux musulmans en Turquie, surtout qu’ils peuvent à présent pratiquer certains cultes dont ils étaient privés et que de nombreuses mosquées fermées ont été rouvertes.

Il acquit également une audience auprès des musulmans du monde entier, qui virent dans cette transition une chose louable, et qui furent dupés par ses discours grandiloquents ! Cette adhésion massive lui a assuré son succès aux élections ainsi que contre la tentative de coup d’État.

Quiconque observe avec attention les arrestations, les poursuites et les licenciements effectués par Erdogan contre ses opposants politiques, militaires, médiatiques et intellectuels, comprendra l’ampleur des efforts qu’il déploie pour conserver sa position. Nous pouvons ajouter à cela les pouvoirs qu’il a arrachés après les élections et amendements constitutionnels, le faisant jouir d’une influence sans précédent. Son régime combat avec vitalité les partisans de l’islam (emprisonnements, persécutions, etc.). Si Erdogan a pu opprimer des dizaines de milliers d’opposants militaires et politiques, en poursuivre des dizaines de milliers d’autres, renverser des généraux et des commandants de l’armée, le tout pour sa propre personne ou son parti, n’aurait-il pas pu faire de même pour l’islam qui mérite bien plus ?

Il ne fait aucun doute qu’Erdogan ne cherche pas à mettre en pratique l’islam  et que le folklore islamique autour de sa personne n’est rien d’autre qu’une tromperie permettant de duper les musulmans.

Une politique économique capitaliste

La politique économique turque est purement et simplement capitaliste, banques, intérêts, bourse, tout y est. Les conséquences de l’application d’un tel système impie et les injustices qui en découlent (crises financières, endettement, baisse du pouvoir d’achat, enrichissement de l’élite, appauvrissement du peuple, inflation et augmentation du coût de la vie) sont inéluctables.

Le « succès » de la politique économique du président Erdogan durant son mandat de premier ministre, que lui et ses adeptes aiment particulièrement mettre en avant, est en réalité la cause des crises actuelles. Soit ils l’ignorent, soit ils le dissimulent. Le montant des intérêts versés au cours des 11 années de son mandat de premier ministre s’élève à environs 389 milliards de dollars. En 2008, par exemple, le montant versé au titre des intérêts a culminé à 40 milliards de dollars. En 2022, avec les taux d’intérêt du KKM (Currency Protected Deposit), la facture d’intérêts pesant sur le peuple turc était de 24,4 milliards de dollars.

Tant que le « combat » vise à réduire les intérêts élevés et non à éradiquer les intérêts tout court, alors il n’y aura aucune évolution positive de la situation, bien au contraire. Face à l’incroyable inflation (ayant atteint 40% en juin 2023) et à l’effondrement record de la Livre turque (chute de 20% entre janvier et juin 2023), Erdogan essaye de redresser l’économie du pays en augmentant la dette et les taux d’intérêt par le biais de Mehmet Şimşek, reconduit au poste de ministre du Trésor et des Finances. Ainsi, pour résoudre un problème causé par une politique basée sur la désobéissance à Allah, Erdogan fait le choix de persévérer dans cette voie en continuant de mener une guerre à l’encontre du Créateur et Son Messager (ﷺ). À titre indicatif, la valeur des intérêts que le gouvernement d’Erdogan a fait payer à son peuple pendant son dictat a dépassé les 600 milliards de dollars.

Pour mettre fin à ce chaos, à ces injustices ainsi qu’à cette corruption, il faudrait abandonner immédiatement et de manière absolue la politique actuelle et revenir au système islamique.

« Ô vous les croyants ! Craignez Allah et renoncez à ce qu’il reste comme intérêt usuraire si vous êtes croyants. Si vous ne le faites pas alors recevez l’annonce d’une guerre de la part d’Allah et son Messager ».

(Sourate 2, versets 278 et 279).

La Turquie, des britanniques aux américains

En 2001 EC à l’époque d’Ecevit, les américains retirèrent des milliards de dollars (entre 5 et 7) de la banque centrale turque, plongeant ainsi le pays et son peuple dans une terrible crise économique que les agents britanniques à la tête du pays (Ecevit et l’armée) ne purent contenir.

Le Parti de la justice et du développement put alors prendre d’assaut la scène politique et entra plus particulièrement en lice lors des élections démocratiques anticipés qui suivirent, avec des discours édulcorés de doux slogans islamiques allant dans le sens des sentiments des musulmans en Turquie. Ce parti a naturellement bénéficié du soutien de l’écrasante majorité du peuple aux dépens des kémalistes qui ont semé la zizanie sur le territoire et explicitement renié la foi, la culture islamique et tout ce qui pouvait y faire penser.

L’arrivée au pouvoir du Parti de la justice et du développement en 2002 EC n‘était en réalité qu’une victoire américaine sur les britanniques après des décennies de conflits frénétiques avec les kémalistes, tant sur le plan politique que militaire, par le biais d’un parti démocratique ayant joué la carte de l’islam pour duper les musulmans.

C’est ainsi que les Etats-Unis ont établi leur hégémonie sur un ancien territoire islamique qui abritait la capitale du Califat et se dresse aujourd’hui devant nous à travers un régime pétri de laïcité saupoudré superficiellement d’islam.

L’accord de vision conjointe entre le gouvernement turc et le gouvernement américain signé par Abdullah Gül avec Condoleezza Rice le 05/07/2006 EC et dont les grandes lignes furent publiées dans un communiqué de presse officiel le 05/07/2006 EC sur le site du département d’État américain faisait état de la subordination de la Turquie vis à vis des américains en rappelant : qu’ils partagent des valeurs et des idées en lien avec des objectifs régionaux et mondiaux spécifiques tels que le développement de la démocratie, des libertés, de la paix ainsi  que de la stabilité à apporter par voie démocratique au Moyen-Orient, le soutien des efforts internationaux à résoudre le conflit palestino-israélien en parvenant à une solution basée sur deux États, l’élévation du niveau de sécurité autour des ressources énergétiques par, entre autres, la diversification des lignes (comprenant les lignes venant de la mer Caspienne), le renforcement des relations avec la région atlantique (outre-Atlantique) et l’OTAN, la lutte contre le terrorisme et ses conséquences, l’empêchement de la prolifération des armes de destruction massive, l’élévation du niveau de « compréhension », de « respect » et d’ « appréciation » entre les différentes religions et cultures.

C’est ainsi qu’Erdogan a débuté sa gestion du pays des Ottomans par un lien stratégique avec les États-Unis, les maitres en matière d’impiété et un pilier fondamental du système capitaliste. Il a ainsi gouverné sans dévier d’un poil de cette allégeance, préservant les intérêts américains en Turquie et au Moyen-Orient, le tout en consolidant son pouvoir sur le dos de l’islam et des musulmans.

« En effet, Allah ne change pas la condition d’un peuple jusqu’à ce que ceux qui le composent changent ce qui est en eux-mêmes. »

(Sourate 13, verset 11).

Allah Tout-Puissant ne modifiera pas la condition des musulmans en leur accordant la victoire après la défaite, la fierté après l’humiliation, la force après la faiblesse tant que ceux-ci s’accrocheront aux traîtres, pensant que c’est un bien, alors qu’ils ne représentent en réalité qu’un mal rampant, une calamité dont les cellules cancéreuses se sont propagées dans le corps de la nation islamique (Oumma), la paralysant et l’empêchant de se relever pendant plus d’un siècle. Le gouvernement au pouvoir en Turquie, dirigé par Erdogan, n’est rien d’autre qu’une de ces cellules laïques malveillantes semblable à ses homologues à la tête de régimes impies disséminés un peu partout dans le monde.

Dès le départ, la création du Parti de la justice n’était pas basée sur une compréhension correcte de l’islam, et son objectif n’était pas celui de provoquer un véritable changement radical en Turquie, ce qui lui aurait évité l’humiliation de la subordination aux infidèles et à leur laïcité. La création de ce parti n’est que le résultat d’un conflit international autour de la Turquie entre l’Amérique et la Grande-Bretagne, qui pris un tournant décisif lors de l’incident du 28/02/1997 EC.

Lorsqu’Ozal, l’homme des Etats-Unis, a créé le Parti de la patrie dans les années 80 du siècle dernier, il a éveillé l’attention des agents britanniques au sein de l’armée qui y voyaient un danger, surtout lorsqu’il a commencé à montrer de la sympathie envers les musulmans. C’est alors que la Grande-Bretagne a fait en sorte d’amener Mesut Yilmaz à la présidence du parti pour en expulser par la suite les hommes d’Ozal et en faire un parti kémaliste.

Les éléments ayant été expulsés du Parti de la patrie, pour leur loyauté envers Ozal et l’Amérique, ont rejoint celui de la prospérité (Welfare Party). En raison de leurs penchants « islamiques », ils ont tissé des liens avec le parti d’Erbakan bien que celui-ci était plus proche des anglais. L’influence américaine était ainsi prédominante au sein du gouvernement de coalition des années 1990 EC avec le parti pro-américain « Right Path » (Ciller) d’un côté, le « Welfare Party » (Erbakan) de l’autre, et l’arrivée en son sein des éléments d’Ozal (proches des Etats-Unis).

Par conséquent, l’armée est intervenue, a mis fin au gouvernement de coalition et a pris le pouvoir. C’était le 28/02/1997 EC, et cet événement est entré dans l’histoire sous le nom de Mouvement du 28 février.

Après cela, les agents britanniques ont fait le ménage au sein du « Welfare Party » (Parti de la prospérité) en changeant son nom pour le « Virtue Party » (Parti de la vertu) et en expulsant tous les éléments affiliés aux Etats-Unis, qu’il s’agisse de ceux qui l’avaient rejoint depuis le parti d’Ozal ou ceux qui en étaient à l’origine comme Abdullah Gül et Erdogan qui par la suite ont fondé le Parti de la justice et du développement.

Ces derniers ont reçu le soutien de l’Amérique jusqu’à ce qu’Erdogan, Abdullah Gül et le Parti de la justice finissent par arriver au pouvoir après les élections démocratiques de 2002 EC.

Le Parti de la justice n’est pas entré dans l’arène politique en ayant pour but de donner la souveraineté à l’islam à l’instar du Messager d’Allah (ﷺ) à l’époque mecquoise. La méthode d’accession au pouvoir utilisée par le Parti de la justice et du développement est de plus une violation des préceptes islamiques en matière de changement, et leur arrivée à la tête du pays n’a pas conduit à l’application de l’islam, pas même en partie.

Quant à Erdogan, après avoir obtenu le pouvoir, il est devenu un dirigeant sur lequel s’appliquent les règles islamiques en matière de gouvernance. Il est ainsi chargé de faire appliquer l’islam de manière totale et immédiate. Dans le cas contraire, son statut serait alors celui d’un infidèle, d’un injuste ou au mieux d’un pervers conformément à la terminologie coranique.

Mais son cas personnel importe peu, ce qui doit principalement nous préoccuper c’est le système politique impie qu’il applique. Le système démocratique que l’Amérique a établi en Turquie par son intermédiaire est tout aussi éloigné de l’islam que le système parlementaire dont la Turquie a hérité par les kémalistes affiliés aux britanniques après la destruction du Califat (n’ont rien d’islamiques donc).

Nous pouvons déduire un certain nombre de grandes lignes tirées de la méthode du Messager d’Allah (ﷺ) dans son appel réalisé durant les deux périodes : à la Mecque, où le travail effectué visait à établir l’État ; et à Médine, où l’État islamique fut établi et l’islam appliqué de manière globale et totale au sein d’une société islamique. Ces lignes peuvent servir de base sur laquelle nous jugerons la légitimité politique de partis œuvrant pour le changement et des régimes établis sur les territoires des musulmans, y compris la République laïque de Turquie.

1- L’Islam est un credo pourvu d’un modèle de société, qui a été révélé à Son Messager, (ﷺ), pour prévaloir sur tout autre credo et législation. Les musulmans après le Prophète (ﷺ) sont chargés d’établir et maintenir cette souveraineté.

 2- L’islam et la mécréance sont deux opposés qui ne peuvent se confondre, il n’existe aucun moyen de les réunir et aucune circonstance ne le permet. Cela s’applique à tout principe ou concept qui s’oppose à la doctrine du monothéisme quels que soient l’époque et le lieu. Le paganisme, le christianisme, le judaïsme, le capitalisme, le socialisme, l’humanisme, le patriotisme et le nationalisme sont autant de concepts impies auxquels l’Islam s’oppose tant par son credo que par son système.

 3- L’établissement et le maintien de l’Etat islamique (le Califat) en tant qu’entité politique pour les musulmans sont des devoirs légaux qu’il est interdit d’ignorer ou de négliger. Il s’agit en outre d’une nécessité pour l’humanité car permet de lui garantir sa dignité.

 4- Le conflit idéologique et matériel entre l’Islam et l’impiété est une réalité qui perdurera jusqu’au Jour du Jugement, et les flammes de cette opposition ne peuvent s’éteindre. En effet, soit la souveraineté appartient à l’Islam, soit elle appartient à autre que l’islam.

5- Les négateurs juifs, chrétiens, hindous, bouddhistes ou athées sont tous hostiles à l’islam et cherchent à travers leurs États colonialistes à l’éliminer par tous les moyens.

 6- La méthode par laquelle l’islam atteint le pouvoir doit être islamique. Les élections démocratiques constituent ainsi une méthode interdite car non islamique quand bien même elle serait portée par des musulmans. En islam, la fin ne justifie pas les moyens.

 7- Il est islamiquement requis de procéder à la mise en application des prescriptions islamiques immédiatement après avoir obtenu le pouvoir, et ce d’une manière globale et complète. Se détourner de la charia ou retarder son application sous prétexte d’un prétendu gradualisme est un crime qui mérite la colère d’Allah Tout-Puissant.

 8- Les musulmans forment une unique nation et il n’est pas permis qu’ils soient séparés par des frontières établies sur des bases nationales, ethniques ou sectaires. L’inclusion des pays musulmans dans une unique entité politique sous la bannière de l’État islamique (le Califat) est obligatoire.

 9- Soutenir l’ensemble des musulmans est un devoir pour les musulmans et d’autant plus pour les dirigeants. Un dirigeant qui tourne le dos aux musulmans, les trahit, s’en désavoue ou qui ne leur accorde pas son soutien est un traître envers Allah, son messager (ﷺ) et les croyants.

 10- La loyauté et l’amitié envers les puissances infidèles, la participation à leurs alliances militaires, la mise en œuvre de leurs plans politiques, le soutien dans la réalisation de leurs intérêts et l’apport d’une aide quelconque leur permettant d’entrer dans les territoires des musulmans est strictement interdit et constitue un crime contre l’islam ainsi qu’envers sa nation.

Tout gouvernant ou gouvernement allant à l’encontre ou ne reconnaissant pas l’un de ces principes (liste non exhaustive), en normalisant par exemple ses relations avec Israël, en participant aux alliances militaires des puissances impies (OTAN), en facilitant des massacres de musulmans quel qu’en soit le moyen (ouverture de son espace aérien, présence de bases militaires étrangères au sein de son territoire, etc.), en adhérant à des idées contraire à l’islam (démocratie, humanisme, laïcité, capitalisme, communisme, nationalisme, patriotisme, autres), en n’appliquant pas l’islam de manière totale (légalisation de turpitudes diverses, etc.) ou de manière générale en contribuant au maintien des systèmes impies et empêchant l’émergence d’un système islamique sont illégitimes.

Les musulmans doivent ainsi s’en désavouer, les condamner et chercher à les réformer en se conformant aux prescriptions islamiques en matière de changement.

Quant à ceux qui, pour excuser l’inexcusable, prétendent qu’il est difficile pour le président Erdogan d’avoir totalement le contrôle sur la gouvernance du pays, qu’il fait face à des obstacles indescriptibles, qu’il a de nombreux puissants ennemis qui le freinent, et bien d’autres choses encore, sachent que toutes ces affirmations, même vraies, ne peuvent légalement justifier l’abandon des prescriptions islamiques, pire encore d’œuvrer vigoureusement à leur encontre. Il s’agit là d’épreuves tout à fait logiques au vu des réalités politiques et de la prédominance de l’impiété.

Le musulman se soumet aux ordres divins qu’importe si cela lui semble pertinent ou stratégique à sa petite échelle, le critère des actions étant le permis et l’interdit, non pas une pseudo logique plus fataliste que pragmatique ou bien l’émotion.

Noé, à lui la bénédiction et le salut, n’a-t-il pas construit une arche pour voguer sur l’eau alors qu’Il était au milieu d’un désert ? Il s’est en effet soumis aux ordres de son créateur et a ainsi par Sa permission pu secourir les croyants d’un déluge et de vagues de la hauteur de montagnes par lesquelles les négateurs furent châtiés et noyés, chose que la raison de certains fatalistes ne pouvait concevoir.

Et il fut dit : « Ô terre, absorbe tes eaux! Et toi, ciel, arrête tes pluies!» Et aussitôt les eaux baissèrent, l’ordre d’Allah fut exécuté, l’arche s’installa sur le mont Jûdi, et il fut dit : « Que disparaissent les gens pervers ».

(Sourate 21, Verset 44)

La tradition d’Allah veut que le vrai affronte le faux, dans une confrontation  intellectuelle et matérielle éprouvante afin de tester les croyants honnêtes.

Le Messager (ﷺ) a rencontré de nombreux obstacles internes comme externes, ses compagnons, qu’Allah soit satisfait d’eux, ont été tués, torturés, persécutés, et déplacés ; sans oublier les offensives des tribus arabes polythéistes, dirigées par Quraysh ainsi que celles des puissances romaines et perses. Malgré tout cela, le messager d’Allah (ﷺ) ne s’est jamais écarté de sa voie, ni n’a accepté de faire un quelconque compromis, malgré la situation et les nombreuses propositions alléchantes qu’Il recevait.

Après la mort du Prophète (ﷺ) les affaires internes de l’État islamique ont également été perturbées par de nombreuses épreuves, comme l’apostasie qui a balayé la péninsule arabique sous la bannière de Musaylimah le Menteur, Sajah, Al-Aswad Al-Ansi, et Tuliha bin Khuwaylid Al-Asadi, faisant de Médine, Taif, Makkah Al-Mukarramah et le village de Jawathi à Bahreïn les seuls secteurs réellement stables, sans oublier une fois de plus les menaces extérieures pour l’Etat islamique.

Comme Le Prophète (ﷺ), Abu Bakr As-Siddiq, que Dieu soit satisfait de lui, a dû faire face à ces défis internes et externes avec la détermination, la fermeté et la dévotion d’un véritable chef d’Etat musulman qui a confiance en le soutien de Dieu, et a su ainsi sortir la nation islamique de ces crises.

Les exemples ne s’arrêtent pas au premier Califat bien guidé mais s’étendent jusqu’à Abd al-Rahman en Andalousie, à la famille Zangi et Salah al-Din durant les croisades, à la gestion de la région de Kinana par Mahmoud bin Mamdoud Saif al-Din Qutuz face à l’offensive des Tatars ; et les exemples sont innombrables.

Ainsi, la présence d’obstacles ne devrait pas être considérée comme un frein en ce qui concerne l’application des lois divines et le rétablissement de l’État islamique. En outre, l’islam apporte également des solutions juridiques détaillées permettant aux musulmans d’affronter ces épreuves et surmonter ces défis, quel qu’en soit leur niveau de difficulté.

Erdogan semble déterminé à affronter ses adversaires politiques et militaires, sa réaction lors du coup d’État raté du 15/07/2016 EC étant un parfait exemple, en faisant parfois preuve d’une grande ingéniosité ; mais pourquoi n’utilise-t-il pas ces compétences et cette énergie pour restaurer l’Etat islamique ? C’est seulement alors que le peuple de Turquie trouvera derrière lui des rangées d’hommes et de femmes offrant leur vie pour l’amour d’Allah, avec la fierté d’avoir un véritable État puissant loin de la dictature et sur la voie prophétique.

Enfin, les musulmans ne veulent ni de la version anglaise de la Turquie portée par les Kémalistes, ni celle des Etats-Unis portée par Erdogan, mais celle de l’islam qui passe nécessairement par un Etat islamique. Et toutes les louanges reviennent à Allah, Seigneur des mondes.

Abou Zakaria